Drama 2.0 : vers une nouvelle forme de narration interactive

“Il était une fois…” Pendant des siècles, la façon de raconter des histoires n’a pas varié d’une virgule. Les règles de leur déroulement étaient immuables et intangibles : unités de temps, d’espace et d’action. Ces principes fondamentaux du récit sont aujourd’hui en train de voler en éclat sous la pression des médias numériques.

Cette tendance se nomme le transmedia storytelling, c’est-à-dire la démarche de combiner anciens et nouveaux médias afin de créer de nouveaux modes de narration. Historiquement, une des premières tentatives (réussies) du genre est le film “The Blair Witch Project” (1999) qui a utilisé différents canaux interactifs pour construire un entrelacs de rumeurs et légendes urbaines avant sa sortie en salles. Résultat : carton au box office mondial malgré un budget très modeste. Devenu un cas d’école, le buzz engendré par ce dispositif inspire encore aujourd’hui la promotion des blockbusters hollywoodiens comme l’a montré la campagne marketing qui a entouré la récente sortie du long-métrage “2012” de Roland Emmerich. Aujourd’hui on parle de Drama 2.0.

Parallèlement, une autre approche du “storytelling” s’est développée avec les Alternate Reality Games. Ces jeux “sérieux” racontent une histoire dont les acteurs ne sont autres que les joueurs eux-mêmes. A eux de réunir des indices, de résoudre des énigmes, de traquer les coupables… dans une mise en scène grandeur nature où les nouveaux médias permettent d’assembler les pièces du puzzle. En Belgique, la société La Mosca propose ainsi aux entreprises de faire du “team building” à travers un jeu d’action à la fois urbain et technologique. “Traversez l’écran et créez-vous une nouvelle vie ! Invitez vos amis pour un jeu bourré d’action, de tension et de stratégie. Rendez-vous en ville et soyez prêt pour The target, un jeu de poursuite où 3 équipes de police pourchassent un gangster échappé de prison. Leurs armes : un GSM et un GPS.”, nous dit le site de La Mosca.

Dernière évolution en date, celle de l’Augmented Reality. Wikipedia définit se concept comme une “vision directe ou indirecte d’un environnement physique où certains éléments se mélangent avec une imagerie générée par ordinateur”. Autrement dit, la représentation du réel est enrichie de données numériques pour engendrer une nouvelle perception des objets qui entourent l’utilisateur. La meilleure illustration actuelle est l’application “Layar” qui transforme l’iPhone 3GS en “navigateur à réalité augmentée” ajoutant des couches d’information en surimpression de l’image captée par la caméra vidéo.

Ensemble, tous ces phénomènes émergents ouvrent une nouvelle voie excitante aux réalisateurs, scénaristes et programmateurs de chaînes qui disposent désormais de fabuleux outils pour inventer de nouveaux formats où le spectateur fera partie intégrante de la mise en scène et sera même capable d’influencer le cours des événements. C’est n’est d’ailleurs pas un hasard si le programme MEDIA de la Commission européenne alloue à présent une partie de ses subsides à des projets cinématographiques innovants qui exploreront ces possibilités d’interaction inédites avec le public.

Les marques y trouveront aussi un fabuleux terrain de jeu pour exprimer les qualités et valeurs de leurs produits. Le principe de “brand story” qui s’est développé ces dernières années va enfin révéler toute sa portée et engendrer un nouveau type de relation avec le consommateur. C’est en tout cas l’une des directions que nous comptons prochainement explorer chez Emakina. L’histoire ne fait que commencer…

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